Recherche à Vélo
Tu étais ma chimère, tu es ma liberté
Enfant, à la vue de tes lignes élancées
Je me suis senti comme un évadé,
Et tu sais que seuls les prisonniers
Ont l’idée la plus lyrique de l’impunité.
Ignorant d’autres parcours à suivre
Dans ma jeunesse je me suis conformé
À l’environnement dans lequel j’étais immergé.
Croyant qu’il s’agissait de la réalité
L’Aphrodite Pandémos j’ai décidé de vivre.
Ma complaisance était honteusement affichée
Misérable ce que je sentais pour toi
Amant vulgaire, du corps plus que de l’âme,
Aucune réponse je n’avais sur mes sentiments
Lorsque la fleur de la beauté se serait fanée.
J’aurais été encore capable de pédaler
Pourvu à vie d’un rythme constant ?
Un noble amour spirituel vous recherchiez,
Et mon sang bouillait lors de nuits tourmentées,
Et en ignorant la cause, ta soif je n’ai pu égaler.
Sur un chemin bordé d’éclairs
J’ai poursuivi vers la libération.
Pèlerin dans un voyage alchimiste,
La métamorphose qui m’a rendu votre digne serviteur
A terminé sa route bercée de lumière.
Ma jeunesse est partie en vain
Mes cheveux se sont raréfiés sur mon front
Comme sur celui de la fortune,
Et même avec un geste désespéré
Je ne pourrais en saisir plusieurs dans mon chagrin.
Engourdis par une douce mélancolie
Comme des prisonniers oubliés
Mes jambes et mon esprit se souviennent,
Et aucune joie de la route ou espoir d’un but
Ne pourraient désormais se ranimer en Helvétie.
Jeune fille je t’ai quitté
Noble femme je te retrouve
Dévouée à élever ta progéniture
En équilibre constant à la merci du vent
Bercée par le plaisir de voler et tes rêves de liberté.
Taches de rouille et signes du temps,
Le son régulier de ta mécanique
Dramatiquement coexiste
Avec le grincement fréquent d’une vie de courses
Sur la route blanchie par le soleil brûlant.
Quand je te vois rouler avec bienveillance
Mes idées embrumées s’éveillent
À l’écho d’appels inintelligibles
Poussées par le parfum que les fleurs dans les haies
S’échangent avec fraternelle reconnaissance.
Là où l’air bouillonne comme de la vapeur,
Et la poussière s’élève telle un nuage diaphane,
Des figures éphémères se balancent
Avec des vêtements aussi transparents qu’un éclat,
Et des yeux aussi brillants que charmeurs.
Ce ne sont pas des femmes,
Leurs regards ne seraient pas pour moi.
À mon âge les sourires féminins passent,
S’évanouissent bien au-dessus de mon front
En me laissant seul avec mes états d’âme.
Ce sont des figures idéales
Sans espèce ni sexe,
Comme les chimères qui m’accueillirent un jour
Sur le seuil déjà lointain de ma jeunesse,
Et que je ne réussis à monter en chevalier triomphal.
Je n’étais et ne suis pas un poète,
Mais quand ton ivresse me gagne
Il me semble toujours de le devenir.
Une fierté m’exalte et les paysages m’échappent
Me livrant leur secret comme dans une vraie enquête.
Tard je me suis laissé éblouir par ta clarté,
Pauvre pour posséder un cheval de selle
J’ai toujours poursuivi mon chemin à pied,
Mais les chemins tristes derrière moi semblaient être
Quand vous m’avez changé en templier.
Perdu en chemin, cet enfant rêveur,
La plus mélancoliques des expressions avait.
Et désormais je suis vieux,
Mais grâce à ce garçon devenu mon maître
J’ai pu te retrouver et recommencer à rêver.
Jeune Chiron d’un Achille âgé
À son chevet j’ai entendu sa voix,
Son œil étincelant sur les joues rougies par la fièvre
Ressemblait à l’un de ces éclairs
Transperçant le ciel des longues soirées d’été.
Il avait fait de l’amour céleste Fils d’Uranie
Le pilier de son existence.
Tu étais l’emblème de Virgile phare de l’Enfer,
Et dans le lit où il gisait infirme
Il se rappelait ta poésie avec une telle nostalgie.
Un immense souvenir plaisant
Vous avez laissé dans son esprit
Si bien qu’il a su me guider vers la liberté.
Je suis son plus illustre élève
De mes maîtres il a été le plus inspirant
Il a nourri et ouvert à mon esprit
Angoissé depuis l’enfance
Les portes d’un autre monde
Me permettant d’oublier le pire
Ce que je ne saurai chasser de mon coeur la nuit.
Cet enfant désormais envolé
Pour toujours vivra en moi.
Puisque l’existence précède l’essence
Il m’appelle à la responsabilité existentielle
Ô mon fruit vénusien adoré.
Pour le rendre sublime et admirable
Mon voyage ne sera jamais
D’une douceur finement exquise
D’une poésie simplement naïve
Si tu refuses de le faire ensemble.
Désormais vieil Géras à l’abandon
À ton côté j’ai retrouvé l’espoir.
Avec toi je veux reprendre
Mon voyage au soleil
Vers de nouveaux horizons.
Dans mon tricot les jambes nues
Ma casquette rejetée sur la nuque,
Et les rayons qui réchauffent mon front
Pour en chasser l’ombre froide
Qui s’y est abattue sans discontinue.
Il serait le premier vrai voyage
Entrepris sans autre but que d’explorer.
Mais cela n’a de sens qu’en ta présence
Je t’apporte alors mon oeuvre en cadeau,
Pour te demander chérie Recherche en mariage.