Diatribe encomiastique : les crêpes
Louise McCarthy
What better way to get through the sunless winter than by making crêpes and sharing them with your friends and family? From the crêpe flipped in the pan at home under the watchful eye of my grandmother, to the crêpe bought at the beloved “Crêperie” in the 5th arrondissement in Paris, I invite you, reader, to walk with me along a memory lane paved with crêpes and dark chocolate. Here are a few fragments of my own love story with homemade crêpes, a cherished comfort food and special moment.
À mesure que le trimestre s’est écoulé, la nuit et ses ombres ont commencé à empiéter sur la douceur du jour conquis par le froid. Défait, vaincu enfin, le soleil s’est mis à tirer sa révérence en plein milieu de l’après-midi ; et l’hiver affamé, rapace aux longues dents, s’est mis à grignoter les miettes de lumière pas encore digérée par l’épaisseur des nuages.
C’est généralement à ce stade de l’année que tout bon Français se prend à songer aux gras délices de la raclette, au plaisir boisé des marrons chauds… et aux crêpes. Je ne parle pas de celles que se procure tout Cambridge au Food Truck du coin, ou bien encore de celles qui s’achètent à la si populaire « Crêpe Affaire ». Les crêpes qui m’occupent, ce sont celles qu’on fait pour son couloir à défaut de pouvoir les faire en famille, ou encore celles qu’on se fait pour soi et qu’on finit par manger des jours durant parce qu’on ne maîtrise visiblement toujours pas les quantités. Ces crêpes-là, j’espère un jour moi aussi pouvoir en faire la pâte à coups de mesures approximatives, l’œil expert, sans grumeaux, comme le font ma mère et ma grand-mère depuis toujours.
Comme elles, j’ai convié mes invités à se servir à mesure que j’enchaînais les poêles, engloutissant moi-même une crêpe occasionnelle, dégoulinante de fromage fondu et de sa graisse luisante. Seule l’une de mes voisines a osé franchir le cap de la fameuse « crêpe salée », garnissant la sienne à mon instar, de jambon blanc et de fromage râpé. Elle en a conclu que la combinaison n’est pas si étrange. Les autres s’en sont tenus à une garniture sucrée, préférant le refuge plus sûr d’une crêpe au sucre, à la confiture, au Nutella, ou aux trois à la fois. L’ambition de l’auteur de ce mélange audacieux a été saluée par ma grand-mère à qui j’ai envoyé un aperçu photographique de la crêpe à la si lourde panse.
Après avoir dévoré quelques crêpes salées, je me suis moi aussi préparée la crêpe dessert tant attendue. Fidèle à moi-même, j’ai garni mon unique crêpe sucrée de quelques carrés de chocolat noir fondu au micro-onde. [J’avais reçu par la poste (merci mamie) une tablette Nestlé noir « spécial pâtisserie » qui semblait parfaite pour l’occasion.] L’âge adulte me confère depuis quelques années le droit de surcharger ma crêpe jusqu’à lui faire vomir son chocolat sans que l’opération se solde d’un commentaire inquiet sur mon futur diabète.
Ah, la crêpe au chocolat. Toujours là pour éclairer une fin d’après-midi de sa chaleur soyeuse. Le parfum légèrement amer du chocolat noir se répand partout comme une flaque de lumière. Il me rappelle la pause goûter qui m’était habituelle lorsque je résidais encore dans le quartier Latin. Cette crêpe-là était infiniment précieuse. C’était pour mon palais impatient un trophée qu’on lui remettait pour avoir eu à avaler des pages de polycopiés et des listes de vocabulaire. C’était le graal remis à l’issue d’un marathon éreintant au cours duquel mes neurones s’étaient épuisés à courir après le sens de textes philosophiques ou de versions latines. Au 5e, la crêperie au carrefour de la rue Saint Jacques et de la rue Soufflot s’élevait là comme un phare au milieu de la nuit. Rien n’était plus doux ou plus rassurant que cette crêpe épaisse, remplie de chocolat noir fondu (du vrai, pas de la sauce liquoreuse et colorée qui se fait passer pour tel), partagée avec une camarade de galère en ces années magnoludoviciennes. Même après avoir quitté les rues du 5e, j’y revenais inlassablement, chaque mois ou presque, pour y chercher mon éternelle crêpe à emporter.
Depuis mon passage de l’autre côté de la Manche, La Crêperie est hors de portée. Et n’osant pas m’aventurer chez les vendeurs de crêpes du centre ville de Cambridge, c’est dans la cuisine plus ou moins bien équipée de ma résidence que j’ai dû trouver ma source de crêpes. Et à défaut de mes proches, c’est à la compagnie tout à fait charmante de mes voisins de couloir que j’ai pu faire profiter mon amour de la crêpe, la vraie.
Pour toi lecteur/ lectrice, si tu veux toi aussi donner forme à la crêpe de tes rêves, en voici la recette : (pour 15 crêpes) 300g farine – 3 œufs – 2 cuillers à soupe d’huile – 30 cl de lait – 30 cl d’eau. Et après, débrouille-toi !
Pour nos amis vegan : (pour une dizaine de crêpes) : 350 g farine – 2 cuillers à soupe d’huile – 45cl lait végétal (amande c’est pas mal) – 25cl d’eau.
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Dear reader, if you want to make your own dream crêpes, here is the recipe: (for 15 crêpes) 300g of flour – 3 eggs – 2 tablespoons of oil – 30 cl of milk – 30 cl of water. And then make your own mix!
For our vegan friends: (for about 10 crêpes): 350g of flour – 2 tablespoons of oil – 45cl of plant-based milk (almond’s nice!) – 25cl of water.